Northern Soul
Multidisciplinary artist Richie Culver talks about his ever expanding art practice, fatherhood and class in the UK.
Text by Erik Sæter Jørgensen
Photographs courtesy of Richie Culver
French translation by Clara Mouilleseaux
Richie Culver's work incorporates numerous social codes and imagery from the British working classes. The barbershops, the "free wifi" signs, Lady Diana and Jeremy Kyle.
You've told me before, that you needed distance to be able to work with the themes and imagery you do today. Can you talk about that distance and the importance of it? You are living in London with your family now, so the physical distance is naturally there, but I sense that the mental distance was just as important — and necessary — for you.
— I personally hate the class systems and what it represents. Especially in England. It’s like nowhere else really. Becoming a dad made me look slightly deeper into the subject as I now felt this would be a conversation at some point with my son, says Culver.
— Covering the subject gently through my work helps me gain some control on how I actually feel about the social climate in the UK.
There are a lot of traces of your life in your paintings, specific references to a particular state of mind and place. Do you feel like all these different experiences you've lived have merged into one, or do you think there are still divergent and conflicting aspects battling it out in you?
— Yes, for sure. My work is autobiographical to a point although recently I’m steering more towards physical objects which naturally have a different language. I would not say it’s a battle. More like a light-hearted conversation.
As a painter and sculptor, the studio is considered key to your creative output. Do you believe that you work best in a specific space dedicated to art? Is routine valuable to you?
— My studio is important as is the tidiness of it. When it’s too tidy, it becomes impossible to work. I seem to work best with limited objects or mediums at the moment.
What does home mean to you?
— Safety.
Exhibiting internationally has been a part of your career for a long time, and you've also spent time living abroad. Throughout your career, you've shown your work in both small gallery spaces and expansive kunsthalle style white cubes. How do you think where a picture is exhibited is impact the work?
— Because of the looseness of my work the white cube space is always preferred. My work needs space to breathe. It can come across wrong in the wrong surroundings.
You recently had a son and is currently expecting another child. As a father, the work you are making now becomes part of your shared family history, something that will be there for a long time – relics of a specific time in life. Has this changed how you think about your work, how you go about creating it?
— It’s hard to explain. But what I can say is that my studio time is now rationed, which can be challenging.
What do you think art needs to do to age well?
— Continue to ask questions perhaps … or to know instantly which artist it is maybe.
All the way from when we first met, your titles stood out as a significant part of the artwork. While your work has changed a lot, I still consider that the titles represent a substantial part of the artwork for you. Do you work with the titles separately, going along collecting titles along the way and then using them at a later point, or, now that your work is painterly and sculptural, do you poor over your titles to find a jumping off point for a new work?
— Yes. Titles are a big part. I just hear stuff. Usually hopeless sentences. Things I would hear on Jeremy Kyle or in the bookies. Old Middle England talk. I then rearrange and use them, says Culver.
I think in some ways you can consider the title of a painting another invisible painting, a support of sorts, both encompassing and cradling the actual painting.
— Yes. I sometimes toy with putting untitled. But something always comes.
How much of your work do you think can be experienced with closed eyes? Can a lousy painting become a good one with a great title?
— Interesting question. Maybe yes. Perhaps a sculpture moreso though.
You used to work predominantly in monochrome, lots of black and grey photographs and paintings with just a few colours in them. Looking at your work now, you still favour quite a neutral background, but on top of that, a lot is going on. Blues, pinks, yellows – your work looks almost exuberant these days. Sometimes it reminds me of these leftovers we might see on the street in spots where poster after poster have been pasted up and pasted over again and again. How intentional was your shift towards colour?
— It had to happen. Because of the sometimes heavy themes, the softer palettes calm the conversation down.
We've spoken before about the ambitions of youth. You grew up in Hull, a working-class city where the football team is a prominent part of the identity, and visual arts is maybe less obvious a life and career path. Who were the heroes of your youth?
— Bernard Hopkins. Roy Jones Jr. Félix Trinidad. Dean Windass. Dalian Atkinson.
Northern soul
Texte par Erik Sæter Jørgensen
Photographies avec la permission de Richie Culver
Traduction Française Clara Mouilleseaux
L’artiste pluridisciplinaire Richie Culver parle de sa pratique artistique en constante évolution, paternité et classe sociale au Royaume-Uni.
Le travail de Richie Culver intègre de nombreux codes sociaux et d’images issus des classes populaires britanniques. Barbiers, signes “wifi gratuit”, Lady Diana et Jeremy Kyle.
Tu m’avais déjà affirmé auparavant avoir besoin de distance pour pouvoir travailler avec les thèmes et l’esthétique avec lesquels tu travailles maintenant. Peux-tu parler de cette distance et de son importance? Tu vis à Londres avec ta famille aujourd’hui, donc la distance physique est naturelle, mais j’ai le sentiment que la distance psychologique était tout aussi importante — et nécessaire — pour toi.
— A titre personnel, je hais le système de classe et ce qu’il représente. Particulièrement en Angleterre. Il y est réellement comme nulle part ailleurs. Devenir père m’a fait me pencher un peu plus profondément sur la question dans la mesure où il me semblait que cela deviendrait à un moment ou à un autre un sujet de conversation que je devrais aborder avec mon fils, dit Culver.
— Traiter le sujet avec légèreté à travers mon travail m’aide à gagner un certain contrôle sur ce que je ressens réellement concernant le climat social au Royaume-Uni.
Il y a de nombreuses traces de ta vie dans tes tableaux, des références spécifiques à un état d’esprit et à des lieux. Est-ce que tu as l’impression que ces différentes expériences que tu as vécues ont fusionné, ou sont-elles toujours opposées avec des aspects divergents luttant en toi?
— Oui, c’est certain. Mon oeuvre est autobiographique jusqu’à un certain point même si récemment je me dirige plus vers un travail autour d’objets qui naturellement ont un langage différent. Je ne dirais pas que c’est une lutte. Plutôt une conversation amicale.
En tant que peintre et sculpteur, ton studio est considéré comme une clé de ta production artistique. Est-ce que tu penses que ton travail fonctionne mieux dans un espace dédié à l’art? Est-ce que la routine a de la valeur pour toi?
— Mon studio est important, tout comme son organisation. S’il est trop rangé, propre, ça devient impossible d’y travailler. Apparement je travaille mieux avec un nombre limité d’objets ou de matériaux en ce moment.
Qu’est-ce que ”chez moi” veut dire pour toi?
— La sécurité
Exposer à l'international fait parti de ta carrière depuis longtemps, et tu as aussi vécu un certain temps à l’étranger. Au long de ta carrière, tu as exposé aussi bien dans des galeries de petites tailles que dans des plus grands kunsthalle de type “white cube”. D’après toi, comment le lieu où est montré une oeuvre l’impacte-t-il?
— À cause du relâchement de mon travail, je préfère toujours un espace de type “white cube”. Mon travail a besoin d’espace pour respirer. Il peut sonner faux dans les mauvaises conditions.
Tu as récemment eu un fils et attends un autre enfant. En tant que père, le travail que tu produis s’inscrit maintenant dans une histoire familiale partagée, quelque chose qui s’inscrit dans la durée – relique de moments de vie spécifiques. Est-ce que cela a changé ta manière de penser ton travail, ta manière d’aborder sa création?
— C’est difficile à exprimer. Mais ce que je peux dire c’est que mon temps au studio est maintenant limité, et cela peut rendre les choses un peu difficile.
D’après toi, de quoi l’art a-t-il besoin pour bien vieillir?
— Continuer à interroger sans doute… ou peut-être de savoir immédiatement de quel artiste il s’agit.
Depuis aussi longtemps que l’on se connait, tes titres ressortent comme une part significative de ton oeuvre. Alors que ton travail a beaucoup changé, j’envisage tes titres comme représentant toujours une partie substantielle de l’oeuvre. Est-ce que tu travailles les titres de manière distincte, les recueillant au fur et à mesure que tu avances et ne les utilisant qu’après, ou, maintenant que ton oeuvre est composée de peintures et de sculptures, est-ce que tu puises dans tes titres le point de départ pour une nouvelle oeuvre?
— Oui. Les titres sont importants. J’entends des trucs. Généralement des phrases un peu nulles. Des trucs que j’entends sur Jeremy Kyle ou au PMU. Du vieil argot provincial anglais. Alors je les réarrange et les utilise, dit Culver.
Je pense qu’on peut considérer les titres d’un tableau comme une autre peinture invisible, un support en quelque sorte soutenant et englobant le tableau réel.
— Oui parfois je joue avec l’idée du “untitled”, mais quelque chose finit toujours par ressortir.
À ton avis, quelle part de ton travail peut être expérimentée les yeux fermés? Est-ce qu’une croûte peut devenir bonne avec un très bon titre?
— Question intéressante. Peut-être que oui. C’est peut-être même plus vrai pour une sculpture.
Tu as eu travaillé presque exclusivement en monochrome, beaucoup de photographies en noir et gris et des tableaux ne comprenant que peu de couleurs. En voyant ton travail maintenant, tu préfères toujours un fond plutôt neutre, mais au dessus, c’est tout autre chose. Bleus, roses, jaunes – ton travail est presque exubérant ces derniers temps. Parfois il me fait penser à ces résidus que l’on peut voir dans la rue aux endroits où affiches après affiches ont été collées, décollées, recollées, encore et encore. A quel point ce virage vers la couleur est-il intentionnel?
— Ça devait arriver. À cause des thèmes parfois un peu durs, une palette plus douce apaise la conversation.
Nous avons parlé auparavant de tes ambitions de jeunesse. Tu as grandit à Hull, une cité de classe populaire où l’équipe de football occupe une part prédominante de la construction identitaire, artiste y est peut être un choix de vie et de carrière moins évident. Qui étaient les héros de ta jeunesse?
Bernard Hopkins. Roy Jones Jr. Félix Trinidad. Dean Windass. Dalian Atkinson.
Richie Culver, born 1979 in Withernsea, Yorkshire, England
Lives and works in London, England
www.richie-culver.com ↗
@richieculver ↗